Citroën Traction de Clabot

Traction 11 CV large 1937
De Clabot

La carrosserie « de Clabot »
Aux premiers jours de la libération, les lignes de la Traction Avant commencent à paraître surannées. De leur côté, les belles américaines ne manquent pas de faire rêver. Comment réaliser une synthèse entre ces phénomènes ? Mais en carrossant une Traction comme une américaine !

Après la guerre, l’âge d’or des carrossiers français est bien révolu. Malgré tout, une demande persiste, émanent d’une clientèle aisée, désireuse de rouler dans une voiture qui ne soit pas celle de Monsieur Tout-le-Monde. Quelques carrossiers vont réussir à mettre au point des éléments adaptables, destinés à modifier l’aspect d’une voiture dont la cellule restera pourtant intacte. C’est le cas de la maison de Clabot.

Lourd esprit Graham
L’entreprise de Clabot, sise 15 rue du Pont d’Ivry à Alfortville, va s’attaquer au cas de la Traction Avant 11CV dès 1947. Pour son patron Robert Clabot, le principe est le suivant : on prend une caisse de cabriolet (ou de berline) dont on ne conserve que la cellule, les ailes et le capot étant envoyés à la récupération, et on dessine une voiture nouvelle. S’il s’agit d’un cabriolet, la voiture de base sera forcément d’avant-guerre, mais elle intégrera une ligne directement inspirée des réalisation d’outre-Atlantique du moment, particulièrememnt celle de la Graham Paige.
Le fine carrosserie sur laquelle Bertoni avait dessiné des ailes au mouvement si aérien reçoit des éléments massifs quoique aérodynamiques dans leur volume : de grandes ailes ovales fuyantes comme des trajectoires d’obus. L’aile avant, qui forme une ogive très en avant de la calandre dans un voluptueux arc de cercle, vient mourir au pied de la portière. L’aile arrière, dont un flasque masque la roue, reprend le même concept et s’avance pour un mieux repartir et retrouver une poupe fuyante en un long porte-à-faux. En effet, l’arrière se trouve allongé d’un plan incliné avec une sorte d’aileron de cachalot en axe de symétrie longitudinal. Spider et habitacle conservent leur caractère originel mais lorsqu’on se tourne vers l’avant, c’est spectaculaire. Le capot forme un rostre proéminent dont la calandre à barres horizontales diminue en creux vers le bas ; des phares ont pris place à la pointe des ailes, doublé de phares d’appoint, tandis qu’un pare-chocs massif protège tout cet appareillage à la vue duquel on oublie qu’il s’agit d’une Citroën. Visuellement un cabriolet Traction Avant de Clabot paraît beaucoup plus gros ; il est simplement eu peu plus long et, de profil, il est très fluide.

Le choix du client
La transformation que nous venons de décrire est la plus complète. Mais le client pouvait demander à la carrosserie de Clabot un accastillage plus ou moins chargé. Ainsi connaît-on d’autres exemples où la voiture conservait ses phares obus fixés dans le creux des ailes : parfois le pare-choc faisait dans la sobriété, se limitant à de simples barres horizontales. Enfin, le curieuse calandre en nez de requin constitue un élément indépendant que certains garagistes montaient tel quel sur des Traction sans qu’aucune intervention plus lourde ne soit mise en œuvre.
D’après les documents d’époque et les voiture survivantes, de Clabot oeuvrait aussi bien des 11 légère que des 11 normale. Le talentueux carrossier d’Alfortville a imaginé un autre modèle de son cru : à partir d’une berline, il était capable de réaliser un élégant coach découvrable.

Extrait de « Revue Traction Avant 107 »
Auteur : Jean-Paul Queffelec

Texte : Copie de la fiche accompagnant le véhicule à Automédon 2018.